Le dimanche 28 décembre 2025, à Miami, s’est éteinte Murielle « Minouche » Leconte, figure incontournable de la mode et de l’artisanat haïtien. Ingénieure de formation et styliste par vocation, elle a marqué plusieurs générations par son audace créative et son engagement social. Son parcours illustre la richesse de la culture haïtienne et la capacité des femmes à bâtir des ponts entre science, art et entrepreneuriat.
Les années 1960–1970 : une enfance studieuse
Née le 8 décembre 1959 à Port-au-Prince, Murielle grandit dans une famille où l’éducation est une valeur cardinale. Son père, Richard Leconte, ingénieur reconnu, et sa mère, Nicole F. Leconte, lui transmettent discipline et curiosité intellectuelle. Dès l’adolescence, elle manifeste un intérêt pour les sciences, mais aussi pour l’art et l’esthétique, deux univers qu’elle n’abandonnera jamais.
Les années 1980 : l’ingénieure au service de l’État
À 17 ans, elle entame des études en ingénierie à l’Université Leconte. Elle intègre ensuite le Ministère de l’Agriculture, où elle travaillera pendant 27 ans. Son rôle d’ingénieure témoigne de sa rigueur professionnelle et de son engagement envers le développement national. Parallèlement, elle continue à nourrir sa passion pour la création artistique, esquissant déjà les contours d’une carrière double.
Les années 1990 : naissance de Murielle Créations
En 1990, elle fonde Murielle Créations, une entreprise spécialisée dans la peinture sur vêtements et la confection d’objets décoratifs. Ses coussins, bijoux et vêtements peints à la main séduisent par leur originalité et leur raffinement. Elle devient une pionnière de la peinture sur textile en Haïti, ouvrant une voie nouvelle dans l’artisanat et la mode.
« Murielle a su transformer un simple tissu en œuvre d’art. Elle voyait dans chaque vêtement une toile à peindre », témoigne une ancienne collaboratrice.
Les années 2000 : mentorat et entrepreneuriat féminin
Murielle ne se contente pas de créer : elle transmet. Elle fonde une agence de mannequinat, qui devient un espace de formation pour de nombreux jeunes talents. Elle y enseigne discipline, élégance et confiance en soi, contribuant à professionnaliser le mannequinat en Haïti.
Elle organise également la foire « Femmes en Production », destinée à valoriser les initiatives féminines dans l’artisanat et la création.
« Elle croyait profondément que les femmes haïtiennes avaient un rôle majeur à jouer dans l’économie culturelle. Elle leur a donné une voix et une visibilité », souligne une participante de la foire.
Les années 2010 : reconnaissance, résilience et maladie.
Ses créations circulent au-delà des frontières haïtiennes, participant à la visibilité internationale de l’art textile haïtien.
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La maladie de Murielle Leconte
Le myélome multiple est un cancer du sang qui touche les plasmocytes, un type de globules blancs présents dans la moelle osseuse. Il entraîne une prolifération anormale de ces cellules, perturbant la production normale des anticorps et fragilisant l’organisme.
- Le myélome multiple, aussi appelé maladie de Kahler, est une pathologie maligne de la moelle osseuse.
- Il se caractérise par une accumulation excessive de plasmocytes qui produisent des anticorps anormaux (appelés immunoglobulines monoclonales).
- Cette prolifération perturbe l’équilibre du système immunitaire et endommage les os, le sang et les reins.
Symptômes fréquents
- Douleurs osseuses (souvent au dos ou aux côtes).
- Fractures spontanées dues à la fragilité osseuse.
- Fatigue intense liée à l’anémie.
- Infections répétées car les anticorps normaux sont moins produits.
- Atteinte rénale (insuffisance rénale progressive).
- Hypercalcémie (excès de calcium dans le sang), pouvant provoquer confusion, soif intense ou troubles digestifs.
Traitement
- Chimiothérapie et immunothérapie pour réduire la prolifération des plasmocytes.
- Corticostéroïdes associés à d’autres médicaments.
- Greffe de moelle osseuse (autogreffe) chez certains patients.
- Traitements de soutien : bisphosphonates pour protéger les os, dialyse en cas d’insuffisance rénale.
Points importants à retenir
- Le myélome multiple n’est pas guérissable, mais il peut être contrôlé grâce à des traitements répétés.
- C’est une maladie chronique évolutive, avec des phases de rémission et de rechute.
- Le diagnostic repose sur des analyses de sang, d’urine, et une biopsie de moelle osseuse.
Diagnostiquée d’un myélome multiple, elle s’installe à Miami pour suivre ses traitements. Malgré la maladie, elle continue à créer, même depuis un centre de réadaptation.
« Même affaiblie par la maladie, Murielle n’a jamais cessé de travailler. Elle disait que l’art était sa thérapie », m'a-t-elle confié, lors d'une visite de courtoisie dans son nursing home.
Sa résilience devient un symbole : elle incarne la force de caractère et la capacité de transformer l’adversité en moteur de créativité.
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Les années 2020 : un héritage consolidé
Jusqu’à ses derniers jours, Murielle reste active, encadrant des jeunes et produisant des œuvres. Elle s’éteint le 28 décembre 2025 à Miami, à l’âge de 66 ans. Sa disparition suscite une vague d’émotion en Haïti et dans la diaspora, où elle est saluée comme une pionnière et une mentore.
« Murielle Leconte n’était pas seulement une créatrice ; elle était une école à elle seule », résume un journaliste culturel ayant requis l' anonymat.
Héritage et influence
L’héritage de Murielle Leconte se décline en plusieurs dimensions :
-Artistique : pionnière de la peinture sur vêtements, elle a donné une identité nouvelle à l’art textile haïtien.
-Professionnel : ingénieure et fonctionnaire, elle a démontré que la rigueur scientifique pouvait coexister avec l’expression artistique.
-Social : formatrice et mentore, elle a contribué à l’émergence de générations de jeunes artistes et mannequins.
-Culturel : par ses créations et son engagement, elle a renforcé la visibilité internationale de l’art haïtien.
Vas en paix Minouche !
Murielle Leconte incarne l’union rare entre l’ingénierie et la mode, entre la discipline et la créativité. Son parcours illustre la richesse de la culture haïtienne et la capacité des femmes à bâtir des ponts entre les savoirs et les arts.
Son héritage demeure vivant dans les jeunes qu’elle a formés, dans les créations qu’elle a laissées, et dans l’inspiration qu’elle continue de susciter. À travers elle, Haïti a offert au monde une figure de courage, d’élégance et d’innovation. Paix à son âme!
Crédit : Andy Limontas





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