Port-au-Prince, Haïti, dimanche 28 décembre 2025. Bilan et constat de la situation globale en Haiti, par Andy Limontas, journaliste sur place.
Andy Limontas
Introduction
2025 s’achève dans un tumulte qui n’a rien d’ordinaire. Haïti, ce pays qui a donné au monde la première république noire libre, se retrouve aujourd’hui prisonnier d’une spirale de violence, d’effondrement économique et de fragilité institutionnelle. Mais derrière les chiffres, derrière les rapports diplomatiques, il y a un peuple qui refuse de disparaître. Ce bilan engagé veut rappeler que la crise haïtienne n’est pas une fatalité : elle est le résultat de choix politiques, de complicités internationales et d’un abandon prolongé. Et pourtant, la résilience haïtienne reste intacte.
Politique : une transition sous tutelle
L’année 2025 a confirmé l’impasse politique.
La transition politique, censée ouvrir la voie à une stabilisation, ressemble davantage à une mise sous tutelle. Les sanctions internationales frappent les élites, mais la population reste seule face au chaos. Le vide de légitimité nourrit la méfiance et accentue la fracture entre l’État et les citoyens.
Sécurité : Port-au-Prince assiégée
La capitale est devenue un champ de bataille. Entre 85 % et 90 % de son territoire sont contrôlés par des gangs armés. Les chiffres sont glaçants : près de 5 000 morts en neuf mois, des centaines d’enlèvements, des violences sexuelles utilisées comme arme de terreur. Plus d’1,3 million de personnes ont été déplacées, soit 11 % de la population.
La mission multinationale dirigée par le Kenya, déployée en 2024, peine à inverser la tendance. Les Haïtiens voient défiler les contingents étrangers, mais la peur reste la même dans les quartiers populaires. Les camps de fortune s’étendent, les écoles ferment, les hôpitaux sont pris pour cible.
Économie : six années de recul
Sur le plan économique, 2025 n’a été qu’une prolongation du désastre. Le PIB a reculé de 4,2 % en 2024, marquant la sixième année consécutive de contraction. L’inflation dévore les revenus, les prix des denrées explosent, et les services publics sont au bord de l’effondrement.
L’agriculture, jadis colonne vertébrale de la souveraineté alimentaire, est étouffée par l’insécurité et le manque d’investissements. Les importations dominent, accentuant la dépendance et la vulnérabilité des ménages. Le chômage massif pousse les jeunes vers l’exil ou vers les gangs.
Social et culturel : la résistance par la dignité
Et pourtant, Haïti ne se résume pas à ses crises. La culture reste un bastion de résistance. En 2025, l’équipe nationale de football a décroché une qualification historique pour la Coupe du monde, offrant un souffle d’espoir. Le compas a été inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO, rappelant que la musique haïtienne est une arme de survie et de fierté.
Chaque 1er janvier, la soupe joumou continue d’être partagée dans les foyers, symbole de liberté et de dignité. Dans les quartiers, malgré la peur, les communautés s’organisent, s’entraident, et inventent des formes de solidarité qui défient l’abandon.
Perspectives pour 2026 : entre chaos et renaissance
Conclusion
Haïti en 2025 est un pays meurtri, mais debout. La crise n’est pas seulement haïtienne : elle est le miroir des responsabilités partagées, des complicités locales et internationales. Mais la résilience du peuple, visible dans la culture, le sport et la solidarité quotidienne, reste une force indomptable.
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