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lundi 29 décembre 2025

Haïti/USA/Nécrologie: Hommage à Murielle Leconte, styliste et ingénieur au destin singulier

Hommage posthume à Murielle Leconte, styliste et ingénieur au destin singulier

Le dimanche 28 décembre 2025, à Miami, s’est éteinte Murielle « Minouche » Leconte, figure incontournable de la mode et de l’artisanat haïtien. Ingénieure de formation et styliste par vocation, elle a marqué plusieurs générations par son audace créative et son engagement social. Son parcours illustre la richesse de la culture haïtienne et la capacité des femmes à bâtir des ponts entre science, art et entrepreneuriat.

Les années 1960–1970 : une enfance studieuse

Née le 8 décembre 1959 à Port-au-Prince, Murielle grandit dans une famille où l’éducation est une valeur cardinale. Son père, Richard Leconte, ingénieur reconnu, et sa mère, Nicole F. Leconte, lui transmettent discipline et curiosité intellectuelle. Dès l’adolescence, elle manifeste un intérêt pour les sciences, mais aussi pour l’art et l’esthétique, deux univers qu’elle n’abandonnera jamais.

Les années 1980 : l’ingénieure au service de l’État

À 17 ans, elle entame des études en ingénierie à l’Université Leconte. Elle intègre ensuite le Ministère de l’Agriculture, où elle travaillera pendant 27 ans. Son rôle d’ingénieure témoigne de sa rigueur professionnelle et de son engagement envers le développement national. Parallèlement, elle continue à nourrir sa passion pour la création artistique, esquissant déjà les contours d’une carrière double.

Les années 1990 : naissance de Murielle Créations


En 1990, elle fonde Murielle Créations, une entreprise spécialisée dans la peinture sur vêtements et la confection d’objets décoratifs. Ses coussins, bijoux et vêtements peints à la main séduisent par leur originalité et leur raffinement. Elle devient une pionnière de la peinture sur textile en Haïti, ouvrant une voie nouvelle dans l’artisanat et la mode.  

 « Murielle a su transformer un simple tissu en œuvre d’art. Elle voyait dans chaque vêtement une toile à peindre », témoigne une ancienne collaboratrice.

Les années 2000 : mentorat et entrepreneuriat féminin

Murielle ne se contente pas de créer : elle transmet. Elle fonde une agence de mannequinat, qui devient un espace de formation pour de nombreux jeunes talents. Elle y enseigne discipline, élégance et confiance en soi, contribuant à professionnaliser le mannequinat en Haïti.  

Elle organise également la foire « Femmes en Production », destinée à valoriser les initiatives féminines dans l’artisanat et la création.  

 « Elle croyait profondément que les femmes haïtiennes avaient un rôle majeur à jouer dans l’économie culturelle. Elle leur a donné une voix et une visibilité », souligne une participante de la foire.

Les années 2010 : reconnaissance, résilience et maladie.

Ses créations circulent au-delà des frontières haïtiennes, participant à la visibilité internationale de l’art textile haïtien.

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La maladie de Murielle Leconte 


Le myélome multiple est un cancer du sang qui touche les plasmocytes, un type de globules blancs présents dans la moelle osseuse. Il entraîne une prolifération anormale de ces cellules, perturbant la production normale des anticorps et fragilisant l’organisme.  

- Le myélome multiple, aussi appelé maladie de Kahler, est une pathologie maligne de la moelle osseuse.

- Il se caractérise par une accumulation excessive de plasmocytes qui produisent des anticorps anormaux (appelés immunoglobulines monoclonales).

- Cette prolifération perturbe l’équilibre du système immunitaire et endommage les os, le sang et les reins.

 Symptômes fréquents

- Douleurs osseuses (souvent au dos ou aux côtes).

- Fractures spontanées dues à la fragilité osseuse.

- Fatigue intense liée à l’anémie.

- Infections répétées car les anticorps normaux sont moins produits.

- Atteinte rénale (insuffisance rénale progressive).

- Hypercalcémie (excès de calcium dans le sang), pouvant provoquer confusion, soif intense ou troubles digestifs.

 Traitement

- Chimiothérapie et immunothérapie pour réduire la prolifération des plasmocytes.

- Corticostéroïdes associés à d’autres médicaments.

- Greffe de moelle osseuse (autogreffe) chez certains patients.

- Traitements de soutien : bisphosphonates pour protéger les os, dialyse en cas d’insuffisance rénale.

 Points importants à retenir

- Le myélome multiple n’est pas guérissable, mais il peut être contrôlé grâce à des traitements répétés.

- C’est une maladie chronique évolutive, avec des phases de rémission et de rechute.

- Le diagnostic repose sur des analyses de sang, d’urine, et une biopsie de moelle osseuse.


Diagnostiquée d’un myélome multiple, elle s’installe à Miami pour suivre ses traitements. Malgré la maladie, elle continue à créer, même depuis un centre de réadaptation.  

 « Même affaiblie par la maladie, Murielle n’a jamais cessé de travailler. Elle disait que l’art était sa thérapie », m'a-t-elle confié, lors d'une visite de courtoisie dans son nursing home.

Sa résilience devient un symbole : elle incarne la force de caractère et la capacité de transformer l’adversité en moteur de créativité.

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Les années 2020 : un héritage consolidé

Jusqu’à ses derniers jours, Murielle reste active, encadrant des jeunes et produisant des œuvres. Elle s’éteint le 28 décembre 2025 à Miami, à l’âge de 66 ans. Sa disparition suscite une vague d’émotion en Haïti et dans la diaspora, où elle est saluée comme une pionnière et une mentore.  

 « Murielle Leconte n’était pas seulement une créatrice ; elle était une école à elle seule », résume un journaliste culturel ayant requis l' anonymat.

Héritage et influence

L’héritage de Murielle Leconte se décline en plusieurs dimensions :

-Artistique : pionnière de la peinture sur vêtements, elle a donné une identité nouvelle à l’art textile haïtien.  

-Professionnel : ingénieure et fonctionnaire, elle a démontré que la rigueur scientifique pouvait coexister avec l’expression artistique.  

-Social : formatrice et mentore, elle a contribué à l’émergence de générations de jeunes artistes et mannequins.  

-Culturel : par ses créations et son engagement, elle a renforcé la visibilité internationale de l’art haïtien.  

Vas en paix Minouche !

Murielle Leconte incarne l’union rare entre l’ingénierie et la mode, entre la discipline et la créativité. Son parcours illustre la richesse de la culture haïtienne et la capacité des femmes à bâtir des ponts entre les savoirs et les arts.  

Son héritage demeure vivant dans les jeunes qu’elle a formés, dans les créations qu’elle a laissées, et dans l’inspiration qu’elle continue de susciter. À travers elle, Haïti a offert au monde une figure de courage, d’élégance et d’innovation. Paix à son âme!




Crédit : Andy Limontas 

dimanche 28 décembre 2025

Haïti/Résistance 2025 : Bilan socio-politique et perspectives

Andy Limontas 
Port-au-Prince, Haïti, dimanche 28 décembre 2025. Bilan et constat de la situation globale en Haiti, par Andy Limontas, journaliste sur place.

Introduction

2025 s’achève dans un tumulte qui n’a rien d’ordinaire. Haïti, ce pays qui a donné au monde la première république noire libre, se retrouve aujourd’hui prisonnier d’une spirale de violence, d’effondrement économique et de fragilité institutionnelle. Mais derrière les chiffres, derrière les rapports diplomatiques, il y a un peuple qui refuse de disparaître. Ce bilan engagé veut rappeler que la crise haïtienne n’est pas une fatalité : elle est le résultat de choix politiques, de complicités internationales et d’un abandon prolongé. Et pourtant, la résilience haïtienne reste intacte. 

Politique : une transition sous tutelle

L’année 2025 a confirmé l’impasse politique.

Les institutions nationales sont paralysées, les élections reportées, et la gouvernance se fait sous la pression des chancelleries étrangères.

La justice est en lambeaux : 84 % des détenus croupissent en prison sans jugement, symbole d’un État incapable de garantir les droits fondamentaux. 

La transition politique, censée ouvrir la voie à une stabilisation, ressemble davantage à une mise sous tutelle. Les sanctions internationales frappent les élites, mais la population reste seule face au chaos. Le vide de légitimité nourrit la méfiance et accentue la fracture entre l’État et les citoyens. 

Sécurité : Port-au-Prince assiégée

La capitale est devenue un champ de bataille. Entre 85 % et 90 % de son territoire sont contrôlés par des gangs armés. Les chiffres sont glaçants : près de 5 000 morts en neuf mois, des centaines d’enlèvements, des violences sexuelles utilisées comme arme de terreur. Plus d’1,3 million de personnes ont été déplacées, soit 11 % de la population. 

La mission multinationale dirigée par le Kenya, déployée en 2024, peine à inverser la tendance. Les Haïtiens voient défiler les contingents étrangers, mais la peur reste la même dans les quartiers populaires. Les camps de fortune s’étendent, les écoles ferment, les hôpitaux sont pris pour cible. 

Économie : six années de recul

Sur le plan économique, 2025 n’a été qu’une prolongation du désastre. Le PIB a reculé de 4,2 % en 2024, marquant la sixième année consécutive de contraction. L’inflation dévore les revenus, les prix des denrées explosent, et les services publics sont au bord de l’effondrement. 

L’agriculture, jadis colonne vertébrale de la souveraineté alimentaire, est étouffée par l’insécurité et le manque d’investissements. Les importations dominent, accentuant la dépendance et la vulnérabilité des ménages. Le chômage massif pousse les jeunes vers l’exil ou vers les gangs. 

Social et culturel : la résistance par la dignité

Et pourtant, Haïti ne se résume pas à ses crises. La culture reste un bastion de résistance. En 2025, l’équipe nationale de football a décroché une qualification historique pour la Coupe du monde, offrant un souffle d’espoir. Le compas a été inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO, rappelant que la musique haïtienne est une arme de survie et de fierté. 

Chaque 1er janvier, la soupe joumou continue d’être partagée dans les foyers, symbole de liberté et de dignité. Dans les quartiers, malgré la peur, les communautés s’organisent, s’entraident, et inventent des formes de solidarité qui défient l’abandon. 

Perspectives pour 2026 : entre chaos et renaissance

- Sécurité : renforcer la Police nationale avec des moyens réels, cibler les zones stratégiques et protéger les infrastructures vitales. 

- Économie : relancer l’agriculture par des semences, des coopératives et des programmes de microfinancement; créer des emplois par des travaux publics à haute intensité de main-d’œuvre. 

- Justice et gouvernance : réduire la détention préventive, numériser les dossiers, organiser des élections crédibles et transparentes. 

- Culture et cohésion : investir dans les initiatives culturelles et sportives pour consolider l’identité nationale et redonner confiance à la jeunesse. 

Conclusion

Haïti en 2025 est un pays meurtri, mais debout. La crise n’est pas seulement haïtienne : elle est le miroir des responsabilités partagées, des complicités locales et internationales. Mais la résilience du peuple, visible dans la culture, le sport et la solidarité quotidienne, reste une force indomptable. 

Ce peuple, qui a brisé les chaînes de l’esclavage en 1804, refuse aujourd’hui de plier devant la violence et l’abandon. L’avenir dépendra de la capacité des institutions et des partenaires internationaux à accompagner cette résilience vers une stabilité durable. Haïti n’est pas un pays condamné : c’est une nation en lutte, une nation qui réclame justice et dignité. 


Crédit ✍️: Andy Limontas 

samedi 27 décembre 2025

Haïti/⚽: Deedson Louicius, l’étoile montante du football haïtien

Haïti/Football Portrait : Deedson Louicius, l’étoile montante du football haïtien


À seulement 24 ans, Deedson Louicius, surnommé par certains fans « le joyau de Tabarre », s’impose peu à peu comme l’un des plus brillants espoirs du football haïtien. Né le 11 février 2001, ce jeune ailier virevoltant a su faire son chemin, de la poussière des terrains haïtiens aux pelouses impeccables de la Major League Soccer (MLS), où il évolue aujourd’hui sous les couleurs du FC Dallas.


Tout commence dans les quartiers modestes de Tabarre, où Deedson tape ses premiers ballons, souvent pieds nus, toujours avec passion. Très vite, son talent ne passe pas inaperçu. Il s’envole pour le Danemark, où il rejoint Hobro IK, un club qui lui ouvre les portes du football professionnel européen. Là-bas, il affine son jeu : dribbles courts, accélérations fulgurantes, vision du jeu. Puis, il enchaîne avec un passage remarqué à Odense BK, où il devient un joueur clé de l’effectif.


Mais c’est en 2025 qu’il franchit un cap décisif : il signe en MLS avec FC Dallas, où il porte fièrement le numéro 7. En quelques mois, il s’impose comme un atout offensif majeur du club texan, grâce à ses courses tranchantes et son efficacité devant le but.


En équipe nationale haïtienne, Les Grenadiers, il est plus qu’un simple joueur. Il est devenu un symbole d’espoir pour une jeunesse en quête de modèles. Avec près de 30 sélections et plusieurs buts décisifs, Louicius est désormais un cadre de la sélection.


Modeste, travailleur et ambitieux, Deedson Louicius n’a pas fini de faire parler de lui. Son objectif est clair : continuer à progresser, briller au plus haut niveau et représenter dignement Haïti sur la scène mondiale.


Crédit : FHF - Fédération Haïtienne De Football 

Haïti/Crise Politique: Quand la légitimité vacille - Droit, Diffamation et Dérive médiatique

QUAND LA LÉGITIMITÉ VACILLE : DROIT, DIFFAMATION ET DÉRIVE MÉDIATIQUE

27 décembre 2025


Le décret du 18 décembre portant sur la Haute Cour de justice soulève un problème fondamental de légitimité juridique.


Par : Nyrvah Florens Bruno. Décret du 18 décembre, diffamation et responsabilité médiatique en Haïti.


Dans tout État de droit, nul ne peut être à la fois juge et partie. Un texte adopté par des acteurs susceptibles d’en être eux-mêmes justiciables ne saurait produire d’effets contraignants à leur égard. 


À ce titre, son application ne peut raisonnablement concerner que de futurs dirigeants, dans un cadre institutionnel impartial, crédible et renouvelé.


Au-delà de la question juridique, le débat public haïtien souffre d’une personnalisation excessive du pouvoir moral et politique. 


Aucun acteur, aussi influent soit-il, ne peut prétendre détenir le monopole de la vérité. 

La vérité démocratique repose sur les faits, la preuve et le principe du contradictoire, non sur l’autorité autoproclamée ni sur l’émotion collective.


La dénonciation publique engage une responsabilité majeure. Elle impose l’obligation de produire des preuves vérifiables, idéalement issues d’instances indépendantes et compétentes. 


En l'absence de preuve tangible, la dénonciation évolue vers la diffamation et devient un facteur de désinformation, de stigmatisation et de perturbation sociale.


Dans ce contexte, le rôle des médias est central. Il est indéniable que certains d'entre eux ont contribué, volontairement ou non, à la détérioration du pays. 


La rumeur, le sensationnalisme et la recherche de l'audience sont fréquemment remplacés par le journalisme d'investigation rigoureux. La rigueur, la prudence et la responsabilité morale ont été négligées au profit du temps d'antenne et de l'émotion.


Le journalisme n'est pas une cour de justice, ni un moyen de militer politiquement. Le micro médiatique ne peut pas favoriser les passions ou diriger l'opinion publique selon les agendas politiques.


 Il est impossible de concilier la diffamation et le journalisme. Pour être un professionnel digne de ce nom, il est essentiel de se démarquer clairement.


Les fondements du métier de journaliste reposent toujours sur l'information et la formation. Il est inévitable que la reconstruction démocratique d'Haïti repose sur une presse éthique, responsable et fortement attachée à la vérité des faits.


Le système démocratique a été choisi par la société haïtienne depuis 1987, même dans ses zones d'ombre. Il incombe désormais aux institutions de s'assurer que ce choix ne conduit pas à l'anarchie. 


Afin de garantir l'harmonisation sociale et de promouvoir le bien-être, il est crucial de se conformer aux normes, aux lois, aux institutions, aux règlements, à la déontologie et à la moralité.


Que chaque instance, chaque citoyen et chaque institution assume pleinement le rôle qui lui incombe, en répondant avec rigueur à ses engagements et à ses responsabilités envers la société.  


Notre engagement consiste à éveiller la conscience nationale des citoyens, avec pour objectif de conduire la société haïtienne vers un environnement viable, fiable et propice à l'harmonisation sociale. 


Cet environnement constitue la condition essentielle à l'avènement d'une société paisible, capable d'entreprendre la reconstruction et de favoriser l'émergence durable de la nation.



Crédit : Nyrvah Florens Bruno

Présidente du Mouvement 

Solda Ayiti Ayiti Solda

Soldayiti@gmail.com



mercredi 24 décembre 2025

Haïti/USA/Nécrologie: Anna Pierre, de la “Sugar Queen” à l’architecte d’un héritage communautaire


La communauté haïtienne est en deuil. La chanteuse Anna Louise Pierre aka Anna Pierre, figure marquante de la musique haïtienne des années 1990, est décédée tôt ce mardi matin, 23 décembre 2025, à l’âge de 68 ans, des suites d’un cancer. Elle s’est éteinte à l’hôpital de Plantation, en Floride, laissant derrière elle une carrière musicale qui a marqué toute une génération, ainsi qu’un héritage humain et communautaire. 

Une étoile née au Cap-Haïtien

Née le 26 juillet 1957 au Cap-Haïtien, Anna Pierre grandit dans une ville réputée pour sa richesse culturelle et musicale. Très tôt, elle se passionne pour le chant et la composition, tout en poursuivant des études en soins infirmiers. Cette double vocation – artiste et soignante – restera une constante dans sa vie. 

L’explosion musicale des années 1990

C’est au début des années 1990 qu’Anna Pierre connaît son heure de gloire. Sa chanson “Mete Suk Sou Bonbon”, plus connue sous le nom de Suc sou bonbon, devient un véritable phénomène. Avec son rythme entraînant et ses paroles légères, le morceau s’impose comme un hymne festif dans les soirées haïtiennes, en Haïti comme dans la diaspora. 

- Le titre lui vaut le surnom de “Sugar Queen”, qu’elle portera fièrement tout au long de sa carrière. 

- Elle s’impose comme l’une des rares femmes à occuper une place de premier plan dans un univers musical largement dominé par les hommes. 

- Sa musique, à la fois populaire et accessible, contribue à donner une visibilité nouvelle aux artistes féminines haïtiennes. 

Une vie entre musique et médecine

Parallèlement à sa carrière artistique, Anna Pierre exerce comme infirmière aux États-Unis. Installée en Floride, elle partage son temps entre son métier médical, ses activités communautaires et ses projets musicaux. Cette double carrière lui confère une image singulière : celle d’une femme capable de soigner les corps tout en nourrissant les âmes par la musique. 

L’“Anna Pierre Foundation” : un pilier communautaire

Soucieuse de redonner à sa communauté, Anna Pierre fonde l’organisation à but non lucratif “Anna Pierre Foundation”. 

- Soutien aux familles haïtiennes de la diaspora, en particulier celles en difficulté économique ou sociale. 

- Organisation de programmes éducatifs, ateliers culturels et initiatives de santé publique. 

- Pont entre les générations, valorisant les traditions haïtiennes tout en encourageant l’intégration des jeunes dans la société américaine.


Une initiative unique pour la fête des pères

Chaque mois de juin, à l’occasion de la fête des pères, l’Anna Pierre Foundation organisait un concours original destiné aux papas de la communauté. 

- Mise en lumière du rôle des pères, souvent moins célébrés que les mères dans les traditions haïtiennes. 

- Partage d’expériences, de talents et d’histoires de vie dans une ambiance festive. 

- Tradition annuelle valorisant la paternité et renforçant l’image des hommes comme piliers de la famille. 

- Moment de célébration collective où musique, danse et culture haïtienne occupaient une place centrale. 

Cette initiative illustre la volonté d’Anna Pierre de célébrer la famille dans toutes ses dimensions et de donner une place centrale aux pères dans la communauté haïtienne. 

Initiatives et œuvres majeures d’Anna Pierre

1. Yearly Father’s Day Celebration

- Importance : Signature de l’Anna Pierre Foundation. 

- Signification : Valoriser la paternité dans la communauté haïtienne. 

- Impact : Tradition festive et culturelle, renforcement du rôle des pères. 

2. Les produits ZOTOBRE

- Importance : Marque de vêtements et accessoires lancée par Anna Pierre. 

- Signification : Symbole de fierté haïtienne et d’identité culturelle. 

- Impact : Illustration de son esprit entrepreneurial et soutien à ses projets communautaires. 

3. Livre : "You Know You’re Haitian If..."

- Importance : Ouvrage humoristique et identitaire. 

- Signification : Miroir culturel pour la diaspora. 

- Impact : Renforce la cohésion et élargit son influence au-delà de la musique. 

4. Livre : "The Scammer"

- Importance : Récit autobiographique sur une arnaque sentimentale en ligne. 

- Signification : Témoignage personnel et guide de prévention. 

- Impact : Sensibilisation aux dangers numériques et exemple de résilience. 

5. The Anna Pierre Health Education Center (APHEC)

- Importance : Centre fondé à North Miami pour promouvoir la santé. 

- Signification : Incarnation de sa double vocation d’artiste et infirmière. 

- Impact : Services de santé communautaire, ateliers éducatifs et soutien aux familles vulnérables. 

Vie personnelle

Anna Pierre était la mère d’une fille unique, Vicky Pierre, à qui elle était très attachée. Sa vie privée, discrète, contrastait avec l’énergie débordante qu’elle affichait sur scène. Ses proches la décrivent comme une femme généreuse, passionnée et profondément attachée à ses racines haïtiennes. 

Héritage et influence

- Musicalement : Œuvre concentrée autour de quelques titres phares, mais marquante pour la mémoire collective. 

- Culturellement : Incarnation de la force des femmes dans la musique haïtienne, source d’inspiration pour les jeunes artistes. 

- Communautairement : Ses initiatives sociales témoignent de son engagement à améliorer la vie des familles haïtiennes de la diaspora. 

Une perte immense

La nouvelle de son décès a été confirmée par Daphney Campbell, ancienne sénatrice haïtiano-américaine, qui a rendu hommage à son amie sur les réseaux sociaux. Depuis l’annonce, de nombreux messages affluent de la diaspora et du monde artistique, saluant la mémoire d’une femme qui a su allier talent, engagement et humanité. 

En somme

Anna Pierre n’était pas seulement une chanteuse à succès. Elle était une femme de cœur, une professionnelle de santé dévouée, une militante communautaire et une artiste emblématique. Son départ laisse un vide immense, mais son héritage musical et humain continuera de résonner dans les fêtes haïtiennes, dans les souvenirs de la diaspora et dans l’histoire culturelle d’Haïti. 

Condoléances

Toute l'équipe du Mouvement Solidayiti, tout le Staff de Radio Internationale d'Haïti et toutes les 20 autres radios partenaires du Mouvement Solidayiti présentent leurs sincères condoléances à toute la famille de la défunte, spécialement son cher frère René, à ses fans, amis et alliés affectés par cette perte inestimable. 


Crédit: Andy Limontas avec Radio Internationale d'Haïti

lundi 22 décembre 2025

Haïti/Culture : Le compas haïtien sacré par l’UNESCO – La fierté du Maestro Serge Rosenthal

 

10 décembre 2025: Date mémorable pour la musique haïtienne.

Le compas haïtien, rythme né dans les années 1950 et devenu l’un des emblèmes de la culture caribéenne, vient d’être inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Cette consécration mondiale dépasse le simple cadre musical : elle consacre l’identité d’un peuple et la résilience d’une nation.  

Aux origines du compas

Le compas direct, créé par Nemours Jean-Baptiste en 1955, est né d’une volonté de moderniser les rythmes traditionnels haïtiens tout en les rendant accessibles à un public plus large. Sa structure musicale, marquée par une basse régulière, des guitares électriques et des cuivres éclatants, a immédiatement séduit les danseurs.  

Dans les décennies suivantes, le compas s’est imposé comme la musique nationale d’Haïti. Des groupes comme Les Shleu-Shleu, Tabou Combo, Skah Shah ou Magnum Band ont marqué l’âge d’or du genre, exportant ce rythme dans toute la Caraïbe, en Amérique du Nord et en Europe.  

Une musique de la diaspora

Le compas n’est pas seulement resté confiné aux frontières haïtiennes. Il a accompagné les vagues migratoires vers les États-Unis, le Canada et la France, devenant un lien culturel fort entre les communautés haïtiennes et leur pays d’origine. Dans les clubs de New York, Miami ou Montréal, le compas a servi de ciment identitaire, permettant aux Haïtiens de préserver leur culture tout en s’intégrant dans leurs sociétés d’accueil.  

Aujourd’hui, il inspire encore de nouvelles générations d’artistes qui le fusionnent avec le zouk, le jazz, le reggae ou l’afrobeat, confirmant sa vitalité et son universalité.  

La consécration de l’UNESCO

L’inscription du compas au patrimoine immatériel de l’humanité est une reconnaissance officielle de son importance culturelle et historique. Elle place Haïti aux côtés d’autres nations dont les traditions musicales sont considérées comme des trésors universels.  

Dans un contexte d’insécurité généralisée et d’instabilité politique, cette annonce a été accueillie comme une victoire symbolique. Elle rappelle que, malgré les crises, Haïti reste une terre de créativité et de rayonnement culturel. Pour beaucoup, cette distinction est un acte de résistance : la culture comme rempart contre le désespoir.  

Serge Rosenthal, artisan de la reconnaissance


Au cœur de ce projet se trouve Maestro Serge Rosenthal, virtuose de la guitare et membre fondateur des Shleu-Shleu. Véritable légende vivante, Rosenthal a porté la candidature du compas auprès de l’UNESCO, convaincu que cette musique méritait une place au panthéon des patrimoines immatériels.  

Les Shleu-Shleu, pionniers du compas moderne, ont marqué une génération entière. Leur style audacieux et leur énergie scénique ont contribué à populariser le compas bien au-delà des frontières haïtiennes. Rosenthal, fidèle à son engagement artistique, continue de défendre la valeur universelle de cette musique.  

Un rendez-vous attendu

Le mardi 23 décembre 2025, entre 14 h et 16 h (heure d’Haïti), depuis Miami (Floride, États-Unis), Serge Rosenthal livrera ses impressions au journaliste Andy Limontas dans l’émission Mouvement Solidayiti. L’entretien sera diffusé en direct sur Radio Internationale d’Haïti, relayé par 19 radios partenaires, et accessible sur la page Facebook de la station.  

Ce moment promet d’être historique : l’artiste reviendra sur le parcours du compas, son inscription au patrimoine mondial et son rôle dans la construction de l’identité haïtienne.  

Un impact culturel, politique et économique

La reconnaissance du compas par l’UNESCO ne se limite pas à l’aspect artistique. Elle ouvre des perspectives nouvelles pour Haïti :  

- Tourisme culturel : cette distinction peut attirer des visiteurs curieux de découvrir la richesse musicale haïtienne, ses festivals et ses traditions.  

- Industries créatives : elle valorise les musiciens, producteurs et organisateurs de spectacles, offrant une meilleure visibilité internationale.  

- Diplomatie culturelle : le compas devient un outil de rayonnement pour Haïti, capable de renforcer son image à l’étranger et de créer des ponts avec d’autres cultures.  

- Résilience sociale : dans un pays marqué par les crises, la culture agit comme un facteur d’unité et de fierté nationale.  

Le compas, symbole de résilience et de fierté nationale

Au-delà de la musique, le compas est un langage social et politique. Il raconte les joies et les douleurs d’Haïti, accompagne les fêtes populaires, les mariages, les carnavals, mais aussi les exils et les luttes. Sa reconnaissance par l’UNESCO est une manière de dire au monde que la culture haïtienne, malgré les épreuves, reste vivante et universelle.  

 Le compas, désormais patrimoine mondial, incarne la force créatrice d’Haïti. Il fait danser, il rassemble, et il témoigne de la capacité d’un peuple à transformer ses défis en art.  



Crédit : Radio Internationale d'Haïti avec Andy Limontas


Haïti/Culture/Justice: Carel Pedre, quand l'arrestation d'un journaliste culturel devient le festival national de la malveillance haïtienne

QUAND L’ARRESTATION D’UN JOURNALISTE CULTUREL DEVIENT LE FESTIVAL NATIONAL DE LA MALVEILLANCE HAÏTIENNE...

Si Haïti était un théâtre, l’arrestation controversée de Carel PEDRE, survenu le dimanche 21 décembre 2025 aux États-Unis, serait l’acte III d’une tragédie grecque mal traduite en créole. La règle numéro un, l’Haïtien n'a pas besoin de comprendre pour condamner, il suffit de haïr. Chez nous, la présomption d’innocence est un concept aussi exotique que la neige.  Cest la description parfaite d'une sociologie brutale d’un peuple qui préfère enterrer ses héros que de les comprendre.

En Haiti, nous avons inventé un sport national qui ne figure dans aucun dictionnaire : « rire au-dessus du cadavre moral de son voisin ». 

Pendant que le monde entier se débat pour juger, analyser, contextualiser, les Haïtiens, eux, ont développé une passion rare de la célébration euphorique du désastre d’autrui. Oubliez le foot, la danse, et le rara, car ici, la ligue professionnelle, c’est « Ti Nouvo Malè a», où chaque chute d’un compatriote célèbre devient une orgie numérique.

LA RÉPUBLIQUE DES ÉPICES ÉMOTIONNELLES

Un Haïtien ne répète jamais une information brute, car il la farcit, la farcit encore, la remplit d’opinions, de jalousies, de fantasmes, d’amertume, et la sert chaude avec le piment, le sel, le Maggi, les mensonges recyclés et une pincée de haine générationnelle.

La sociologie l’explique, un peuple traumatisé, fabriquant du sens à partir du chaos. 

L’anthropologie répond en ces ternes, l'héritage colonial du rabaissement systémique. Le cynisme haïtien ajoute : «Nou kontan lè sa rive lòt moun, paske sa pa rive nou—poko ! »

99 LUMIÈRES, 1 OMBRE : LE CALCUL NATIONAL

Tu peux briller 99 jours dans l'année en Haïti, à la radio, à la télé, à un podcast, à une communauté, et à un travail social, personne ne voit rien. Une seule erreur, réelle, supposée ou inventée, et soudain tout le monde s’éveille comme un coq tibétain sous cocaïne.

Carel PEDRE a beaucoup voyagé dans l’imaginaire social parmi les héros, les traîtres, les pions politiques, les polémistes, les génies médiatiques, les opportunistes, les influenceurs, les manipulateurs, les idoles, et les ennemis. 

En clair, réussir en Haïti, ce mot est l’insulte ultime. L’arrestation ? Factuelle. La réaction collective ? Psychiatrique.

SOCIOLOGIE DE LA HAINE CHEZ NOUS : UNE SCIENCE EXACTE

Il y a trois catégories principales de réactions haïtiennes face au malheur d’autrui. D'abord, les jouisseurs sont ceux qui n’ont pas grand-chose dans la vie excepté des données internet illimitées et un besoin viscéral d’humilier quelqu’un avec plus de succès qu’eux. 

Par ailleurs, les moralisateurs bibliques sont ceux qui n’ont jamais péché, parce qu’ils n’ont jamais eu l’occasion. Et enfin, les bourreaux empathiques qui 

disent «courage», mais espèrent secrètement un deuxième scandale.

La science explique que la complexité psychologique, la frustration économique, la mémoire traumatique collective, et la reproduction culturelle du dénigrement.

La réalité dit simplement : «Krab yo toujou ap rale krab yo.»

ANTHROPOLOGIE DU SUCCÈS PAYANT

En Haïti, il existe deux crimes impardonnables réussir malgré le pays, étre aimé malgré les autres, être célèbre est dangereux et tu deviens miroir. Chacun s’y regarde et déteste ce qu’il y voit. Alors, on brise le miroir. Quand un Haïtien prospère, beaucoup se sentent trahis : «Poukisa li, e pa mwen ?»

Il est fascinant d’observer comment un peuple traumatisé par l’impunité, la corruption politique, l’injustice structurelle, et la misère existentielle devient soudain très investi par un mugshot, un titre de police, un ragot WhatsApp, un hoax Facebook, et un tweet sans source.

Pas parce qu’il veut la vérité, il veut une excuse.

Une excuse pour justifier sa haine préexistante. Carel PEDRE est juste l’écran du jour.

CARELLISME : L’IDENTITÉ FANTASMÉE DU HÉROS TRAGIQUE

On peut ne pas aimer Carel PÈDRE pour ses prises de position, son ton, ses choix, ses querelles, et son persona public. C’est normal, sain, nécessaire. Mais confondre justice et jubilation, voilà notre cancer social. L’homme arrêté devient la preuve vivante que nous attendions tous pour crier «Aaaaah ! Mwen te konn sa !» Même si personne ne savait rien.

Haïti ne manque pas d’électricité parce qu’elle n’a pas de centrale de production. Elle manque d’électricité parce qu’elle consomme toute son énergie à incendier ses propres fils. Carel PEDRE pa premye. Li pap dènye. 

Tandis que les autres nations avancent sur la recherche, l’innovation, l’éducation, la technologie, et la justice.  Nous, nous progressons sur le plaisir macabre de regarder un compatriote glisser sur une peau de banane imaginaire. Une société qui rit devant la chute d’un des siens ne se lève jamais. Et tant que le pays reste un canon chargé de jalousie, chaque réussite sera une cible, chaque erreur un carnaval, et chaque Haïtien, vivant ou mort, sera un spectacle.


Crédit: Amos CINCIR 

Serviteur de l'Empire d'Hayti 

Ambassadeur du Royaume 

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