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mercredi 15 octobre 2025

CDM⚽2026/CONCACAF: DE 3-0 à 0-3

"Accepte ce qui est, laisse aller ce qui n'est plus, aie confiance en l'avenir". Notre équipe nationale masculine devrait se ferrer de ces mots du Boudha  pour aborder les deux derniers rendez-vous de ces éliminatoires de la CM 2026, les 13 et 18 novembre prochains. 

Puisqu'il s'agit d'avenir, convenons qu'il nous faut terminer avec 11 points. Cela implique que quoi qu'il arrive entre Costa-Rica (6 points) et Honduras, au pire nous terminerons 2e et aurons droit aux barrages. Pour terminer premier, il faudrait ce concours de circonstances invraisemblables que Costa-Rica, après avoir perdu contre nous le 13, batte Honduras le 18, qui aurait alors terminé avec 11 points, ex aequo avec nous, étant entendu qu'en ce même 13 novembre, les Honduriens auront battu Nicaragua. Le goal average, ou les scores particuliers, nous départagerait avec le Honduras. Ouf!

Mais, que s'est-il donc passé, hier soir à Tegucigalpa? 

Avant toute chose, le plan de jeu n'a pas marché. Il m'a paru que Migné avait voulu circonscrire la bataille dans la moitié de terrain hondurienne. Pour réussir ce plan, on le sait, il faut un bloc-équipe: la ligne arrière la plus proche possible du milieu, de même pour celui-ci par rapport aux deux attaquants qui doivent intoxiquer les phases de possession des défenseurs adverses, voire leurs milieux de terrain. Nazon et Pierrot se sont rapidement épuisés en vain dans cet exercice. Les quatre demis ont beaucoup couru mais ont rarement contré leurs homologues. Ceux-ci pouvaient donc, soit se servir l'un d'entre eux, soit les latéraux ou encore en plein axe une pointe, Rivas sur le premier but, mais toujours dans 80 % des cas dans le dos de nos défenseurs, trop souvent mis dans l'obligation de faire face à leur propre gardien Placide qui nous a évité, soit dit en passant, le plat de 1981 (4-0) par une détente et une véritable "kalòt" (de la main gauche svp) dignes d'éternité, sur un coup de tête vicieux d'Arriaga. 

Tout le monde a droit au naufrage dans une équipe, mais pas le gardien ou le meneur de jeu, celui qui détient la clef de la maison. Pour nous: Jean Ricner Bellegarde. Ce si bel éclaireur de jeu est coupable sur les deuxième et troisième buts. À sa décharge, sur le deuxième, jamais il n'aurait dû être au marquage direct del Choco Lozano qu'il a poursuivi courageusement depuis le rond central jusqu'à notre surface de réparation mais impuissant à lui prendre le ballon malgré le retour un zeste tardif et contre productif d'Adée dont les membres inférieurs et ceux de notre meneur de jeu servirent de viseur au fusil du sniper hondurien pour atteindre imparablement le coin gauche de notre gardien. 

Sur le troisième, le Honduras avait introduit un méchant virus dans notre surface de réparation. Placide en était à son second sauvetage en moins de dix secondes; et le ballon rebondit à mi chemin, sur le côté droit, de notre surface de réparation et de notre surface de but où Bellegarde s'en empara, refusa de dégager en corner - que diront mes coéquipiers de Wolverhampton? - et Qioto, véritable sosie de l'ancien attaquant guatémaltèque David Stokes, le lui arracha et fusilla Placide du pied gauche, à bout portant, au premier poteau.

C'est ainsi qu'en quatre jours nous passâmes de 3-0 à 0-3. 

Maintenant, rappelons-nous le Boudha: "...ayons confiance en l'avenir". Dans un mois à Curaçao. Gagnons contre Costa-Rica et Nicaragua.


Crédit : Patrice Dumont

14 octobre 2025

lundi 13 octobre 2025

CDM⚽2026: Honduras bat Haïti 3 à 0 à Tegucigalpa & prend la tête du groupe C

L'attaquant hondurien  Romell Quioto tire et marque un but devant le gardien haïtien Johny Placide (Orlando SIERRA)

Le Honduras bat Haïti et prend la tête du groupe de qualification pour la Coupe du monde.

Le Honduras a battu Haïti 3-0, ce lundi soir 13 octobre, lors d'un match de qualification pour la Coupe du monde régionale de la CONCACAF pour prendre la tête du groupe et renforcer ses espoirs d'atteindre la Coupe du monde 2026.

Haïti est entrée dans la compétition en tête du groupe C des éliminatoires de la Coupe du monde régionale nord-américaine grâce à la différence de buts contre le Honduras après un match nul 0-0 à domicile entre les deux le mois dernier.

Mais le Honduras, avec deux victoires et deux nuls, a pris la tête du groupe avec deux matchs de qualification en novembre restants pour déterminer une place pour la Coupe du monde avec Haïti deuxième avec 1-1 et deux nuls.

Les États-Unis, le Canada et le Mexique de la CONCACAF co-organiseront la Coupe du monde l'année prochaine. Les qualifications régionales ont donc été repensées. Les 12 équipes finalistes ont été réparties en trois groupes, le vainqueur de chaque groupe se qualifiant pour la Coupe du monde.

Les deux équipes classées deuxièmes se qualifieront pour les éliminatoires avec des équipes d'autres régions pour les places à la Coupe du monde.

L'attaquant hondurien Rigoberto Rivas a ouvert le score à la 18e minute, en récupérant une passe en profondeur de Kervin Arriaga et en la faisant passer par-dessus le gardien haïtien Johny Placide dans le filet ouvert.

Anthony Lozano a donné l'avantage au Honduras 2-0 à la 26e minute grâce à un tir du pied droit dans le coin inférieur droit sur une passe de Luis Palma.

Romell Quioto a marqué du pied gauche depuis la surface de réparation à la 40e minute, donnant ainsi l'avantage au Honduras 3-0 à la mi-temps.

Un match ultérieur du groupe C verra le Nicaragua se rendre au Costa Rica dans une rencontre entre équipes sans victoire.


Crédit : Radio Internationale d'Haïti avec AFP

Haïti/Diaspora: Iliana Joseph, de Port-de-Paix à Settimo Torinese, quel parcours !

  


Iliana Joseph est originaire de Port-de-Paix, en Haïti, a récemment marqué l’histoire politique  Italienne 🇮🇹. Le 29 septembre 2025, elle a été élue vice-présidente du conseil municipal de Settimo Torinese, une commune située près de Turin.

Voici quelques faits marquants sur son parcours :
- Elle est la première Haïtienne à occuper ce poste en Italie.
-  Arrivée en Europe il y a près de 30 ans, elle a travaillé comme médiatrice culturelle.
- Elle est aussi une défenseure de la langue créole et fondatrice d’initiatives pour la diaspora haïtienne.
Son élection est saluée comme un symbole fort de représentation des femmes issues de l’immigration dans la politique italienne. 
Toute l'équipe du "Mouvement Solidayiti" sur Radio Internationale d'Haïti et 17 autres radios partenaires du "Mouvement Solidayiti" souhaite Bonne besogne à Mme Iliana Joseph.

Crédit: Radio Internationale d'Haïti



CDM⚽️ 2026: Haïti, un adversaire difficile pour le Honduras, dixit le coach🇭🇳 Reinaldo Rueda

 

Le Honduras affrontera Haïti ce lundi soir 13 octobre, à compter 20h (heure haïtienne), pour la 4ène (quatrième) journée des éliminatoires de la CONCACAF en vue de la Coupe du Monde 2026. Le sélectionneur hondurien, Reinaldo Rueda, reconnaît que le défi sera de taille pour lui et sa bande.

Lors de la conférence de presse tenue ce dimanche 12 octobre, après le match nul 0-0 contre le Costa Rica au stade Morazán, Rueda a exprimé ses regrets concernant certaines réactions des supporters. Il a souligné que le match contre Haïti nécessiterait une attention particulière et pourrait entraîner des ajustements tactiques pour renforcer l’attaque hondurienne.

«Demain, ce sera un match très difficile contre Haïti, alors préparons-nous», a déclaré le technicien colombien, conscient du niveau de son prochain adversaire.

Rueda a également reconnu la progression des Grenadiers : «Nous devons avoir une équipe bien organisée et consciente que nous aurons un bon rival en face. Haïti a des joueurs importants, certains évoluent en Premier League, alors que nous n’en avons aucun. Ils ont beaucoup mûri.»

Le coach a insisté sur l’importance de rester lucide et équilibré émotionnellement, rappelant que chaque rencontre est différente et que la compétition dans le groupe reste très relevée. Haïti apparaît ainsi comme un adversaire solide, capable de poser des difficultés même aux équipes favorites.



Crédit: Merlyne Pierrelouis et Spot Passion avec Radio Internationale d'Haïti

dimanche 12 octobre 2025

Concacaf U17 : Haïti parmi les têtes de série pour les éliminatoires du Mondial⚽ 2026.


La Concacaf a dévoilé, ce vendredi 10 octobre, les détails officiels des éliminatoires U17, masculines et féminines, de la Coupe du monde de la FIFA 2026. Haïti est choisie comme tête de série chez les garçons.

La compétition qualificative de la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf), donnant accès à la Coupe du monde U17, sera organisée dans la catégorie masculine du 3 au 12 février 2026 dans six pays hôtes : le Honduras, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le Panama, la Trinité-et-Tobago, le Costa Rica et le Guatemala. Au total, 34 sélections nationales seront réparties en huit groupes, à l’issue du tirage au sort prévu le 21 octobre 2025. Seuls les vainqueurs de groupe décrocheront leur billet pour la phase finale du Mondial.

Les sélections sont réparties en pots. En fonction de leurs récents résultats, huit têtes de série sont placées dans le pot 1. Il s'agit du Mexique, des États-Unis, du Canada, du Panama, du Honduras, du Costa Rica, d’Haïti et d’El Salvador. Cette position privilégiée confirme la progression constante du football haïtien des jeunes, après plusieurs performances remarquées lors des précédentes campagnes de qualification.

Dans le pot 2, on retrouve des équipes comme le Nicaragua, Porto Rico, la Jamaïque, les Bermudes, la République dominicaine, le Guatemala et la Trinité-et-Tobago. Le pot 3 est composé de Cuba, de la Guyane, d’Aruba, de la Barbade, de la Guadeloupe, des Îles Vierges britanniques, de Saint-Kitts-et-Nevis et d’Antigua-et-Barbuda. Des sélections comme le Belize, les Îles Caïmans, Saint-Martin, le Suriname, Anguilla, les Îles Turques-et-Caïques, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et la Grenade sont dans le pot 4. La Dominique et Sint Maarten sont seuls dans le pot 5.

Les détails dans la catégorie féminine

Chez les filles, le premier tour de la compétition se déroulera du 24 janvier au 2 février 2026, avec des rencontres organisées à Aruba, aux Bermudes, à Curaçao et au Nicaragua. Trente nations tenteront de décrocher leur ticket pour le deuxième tour, mais seules les six premières de groupe et les deux meilleurs deuxièmes accéderont à la phase finale. Les qualifiées rejoindront les États-Unis, le Mexique, le Canada et Porto Rico, qui sont exempts du premier tour.

Le tirage au sort féminin aura lieu le 15 octobre 2025, en direct sur la chaîne YouTube officielle de la Concacaf. Les pays concernés par ce tirage au sort sont Antigua-et-Barbuda, Aruba, Barbade, Belize, Bermudes, Bonaire, Îles Vierges britanniques, Îles Caïmans, Costa Rica, Cuba, Curaçao, Dominique, République dominicaine, El Salvador, Grenade, Guadeloupe, Guatemala, Guyane, Haïti, Honduras, Jamaïque, Nicaragua, Panama, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Suriname, Trinité-et-Tobago et les Îles Vierges américaines.

À rappeler que la Coupe du monde des moins de dix-sept ans se déroule désormais chaque année avec en version élargie de 48 équipes. Le Qatar accueillera le tournoi de 2025 à 2029.



Crédit : Kenson Désir

samedi 11 octobre 2025

Haïti/Sport: Comme en 1969 et si différent de 23 juin 2019

 


COMME EN 1969 ET SI DIFFÉRENT DE 23 JUIN 2019

À mi-chemin de la phase finale des éliminatoires quadrangulaires Concacaf de la Coupe du monde de football 2026, hier soir, 9 octobre, à Managua, en ayant battu son homologue nicaraguayenne 0-3/5 points sur 9, tandis que

le Honduras et Costa-Rica se neutralisaient 0-0, la Sélection Nationale a pris la tête du classement du groupe C dont le lauréat sera qualifié directement à la fête canado-mexico-américaine du 11 juin au 19 juillet de l'année prochaine. Moi qui ne puis m'empêcher de faire du passé et du présent un seul temps, dès que Deedson Louicius a marqué le 3e but, a giclé dans mon esprit notre éclatante victoire 0-3 obtenue contre le Salvador au stade Flor Blanca (Fleur Blanche) de San Salvador, au matin du dimanche 28 septembre 1969. Mon émotion était d'autant plus grande que dans l'effectif du Nicaragua, figurent des homonymes salvadoriens de l'époque tels Ramon "Monn"  MARTINEZ, Mauricio " Pipo" RODRIGUEZ, Elmer Acevedo. Les trois matchs finals des éliminatoires 69 de la CM 70 contre le Salvador (21 septembre à P-au-P 1-2, 28 septembre à San Sal 0-3, 8 octobre à Kingston 0-1, sont mon contrat à vie avec le football haïtien. Comme une étampe.

Trois buteurs différents en 2025 à Managua: Duckens  Nazon, Danley Jean-Jacques et Deedson Louicius déjà cité ; trois buteurs différents en 1969 à San Salvador: Guy François, Jean-Claude "Tom Pouce" Désir et Claude Barthélemy. En 1969, il me manquait 24 jours pour avoir 11 ans révolus. Ce fut, à Léogâne, ma première célébration patriotique consciente, en compagnie des enfants du voisinage et des adultes, ceux-ci, une fois revenus de la messe dominicale d'où ils avaient été subjugués par les clameurs des quartiers à chaque but et au coup de sifflet final.

Score et clameurs identiques dans tout le pays, spécialement à Port-au-Prince où, le lendemain, on accueillit les joueurs comme le peuple révolutionnaire l'avait fait, le 1e janvier 1804, autour de l'Autel de la Patrie, pour "Dessalines, majestueusement habillé pour la circonstance, épaulettes dorées sur les épaules, des pierreries étincelantes dans les doigts" (Thomas Madiou). 

Les partenaires de Nazon méritent ces salves d'applaudissements, ces cris de joie qui pétaradent nos nuits éternelles de victoire. Comme ceux du 19 juin 2019 et sa remontada de 0-2 à 3-2, le dernier en date, dont un pourtant brillant Canada avait fait les frais. Oui, cette nuit victorieuse du 9 octobre si calme par la bruyance de son silence alors que "notre train avait sifflé trois fois"! N'est-il pas vrai, Gary Cooper! Hélas! Nos temps ont changé. Les bandits détiennent l'exclusivité du joyeux vacarme. Et il est évident que de cris nous en avons que pour pleurer et nos morts et nos biens ensevelis de cendres, malgré le nul 3-3 de San José et cette fulgurance de Managua. Mwen anvi tande anmwey kè kontan lè Ayiti fè gòl!

Il reste les trois matchs retour, le plus proche contre le Honduras, lundi prochain 13. Ça commence à sentir bon, même très bon pour le Onze national. Placide n'a pas eu son succès habituel dans le jeu au pied, mais il fut impeccable sur sa ligne. Arcus, Adé, Duverne et Lacroix n'ont jamais paniqué devant le capitaine Placide. Au milieu, Danley Jean-Jacques a confirmé la polyvalence de son jeu de tête par le deuxième but et sa capacité à couvrir du terrain. Un Toninho Cerezo. Providence à gauche et Casimir à droite ont été remarquablement solidaires de leur latéral respectif. Ce dernier a été tout simplement brillant en position de demi offensif droit qui ne serait pas la sienne naturelle. Il a été celui qui a donné le signal de mettre le pied sur le ballon après notre 2e but. Et c'est à la suite d'une longue phase de possession que notre 3e but a été réalisé. L'entraîneur Migné a eu le nez en conservant Arcus jusque là irréprochable comme latéral droit. Pierrot ne marque pas pour nous je ne sais plus depuis combien de temps. Mais qui oserait jouer sans lui, à moins qu'Isidore ne vienne dans les prochains jours. Nazon est en train de menacer Sanon sérieusement.

Et mon coup de cœur du match, c'est Jean Ricner Bellegarde, fin artificier sur les corners, poseur de jeu infatigable. Au blackout de la 30e minute, pourquoi l'arbitre n'avait-il pas utilisé son jeu pour éclairer le stade!?

Derrick Étienne, Keeto Thermoncy, Leverton Pierre, Martin Expérience et Louicius, entrés en cours de jeu, on le sait, ont leur appartement dans la maison encore en construction par Migné. Parmi eux, mention spéciale pour le dernier, passeur décisif - et de quelle manière - contre Costa-Rica et buteur en cette nuit du 9 octobre 2025. Le match de lundi soir 13 octobre,  contre le Honduras sera chaud comme une boule de feu. Nous leur devons un 4-0 à Tegucigalpa, le 11 mars 1981, éliminatoires de la Coupe du Monde 1982. C'était le Honduras des Arzu,   Maradiaga, Zelaya... contre l'Haïti des Manno Sanon (en fin de carrière), Gérald Romulus, Frantzy Mathieu... J'imagine le zonbi de Manno Sanon héler Nazon et Pierrot et les haranguer en ces termes: " Allez mes fils, allez mon sang, allez réparer ma honte, allez me venger!


Crédit: Patrice Dumont 

10 octobre 2025

vendredi 10 octobre 2025

Haîti/Sovenirs: Sylvio Cator, un Haïtien vraiment extraordinaire

Athlète, footballeur, boxeur, journaliste, entrepreneur, militant, maire et député… Sylvio Cator a incarné le génie haïtien. Né il y a 125 ans, il a remporté médaille olympique et record mondial.

Sylvio Paul Cator naît le 9 octobre 1900 à Cavaillon, dans le département du Sud. Fils du général Joseph Milien Cator, membre de la Maison militaire du président Antoine Simon, et de Marie Candio Cator, il grandit dans une famille de négociants en café et en coton.

Le 4 août 1911, âgé de dix ans, il suit son père en exil à la Jamaïque après la chute du président Simon. Il poursuit ses études au St. George’s College de Kingston, où il se passionne pour le football et découvre l’athlétisme. Il fréquente aussi les cercles intellectuels haïtiens animés par d’autres exilés politiques. Cette période jamaïcaine élargit ses horizons et affine sa maîtrise de l’anglais.

En 1918, comme le rappelle Louis Carl Saint Jean dans « Sylvio Cator l’immortel », « C’est un Sylvio Cator tout feu tout flamme qui regagnera Port-au-Prince pour de bon en été 1918 ». Il assiste alors son père, devenu agent général des steamers reliant Port-au-Prince à Santiago de Cuba. Il profite de ses séjours à Cuba pour perfectionner son espagnol et s’initier à la boxe. Parallèlement, il poursuit des études.

En mars 1921, Cator rejoint l’équipe sportive Olympique. Avec d’autres as du ballon rond, il remporte le tournoi conjointement avec l’Excelsior. Le 26 juin 1921, au Parc Leconte, il saute 6,23 mètres, battant de 15 centimètres le record de Constantin Henriquez établi en 1906. Deux jours plus tard, il devient trésorier du club.

Durant l’été 1921, il intègre le Tivoli Athlétique Club (TAC), nouvellement fondé et qui dispose de sections de football, saut, lancer et tennis.

En novembre 1924, après la dissolution du TAC, Cator rejoint le Club athlétique des Sports généraux (CASG) dont il devient capitaine. Il brille également au sein de la sélection nationale aux côtés d’autres joueurs. Sa présence sur les terrains s’espace après 1927.

Le 5 mars 1922, au Ciné-Galant, il affronte le boxeur jamaïcain Moses Daly dans un championnat international de sept rounds. Louis Carl Saint Jean décrit l’événement en ces termes : « Un des plus sensationnels matches de boxe de l’époque, auquel le Ciné-Galant servit de cadre ». Le combat se conclut par un nul.

Il se distingue aussi comme danseur accompli, maîtrisant le fox-trot, le charleston, le tango, la valse et la méringue haïtienne. Dans les années 1920, il transforme sa maison, à l’angle des rues du Magasin de l’État et Dantès Destouches, en centre de danse fréquenté notamment par Jacques Roumain et Louis Déjoie.

Parcours olympique

En 1924, Cator participe aux Jeux Olympiques de Paris. Il concourt au saut en hauteur, où il termine quinzième, et au saut en longueur, où il se classe douzième. Malgré des résultats modestes, cette expérience lui apporte une solide connaissance du haut niveau.

Quatre ans plus tard, en juillet-août 1928, se tiennent les Jeux Olympiques d’Amsterdam. La délégation haïtienne ne compte que deux athlètes : André Théard et Sylvio Cator. Ce dernier, âgé de vingt-sept ans, concourt au saut en longueur. Le 31 juillet, l’Américain Edward Hamm décroche l’or avec 7,73 mètres, tandis que Cator réalise 7,58 mètres et obtient l’argent. L’Américain Al Bates prend le bronze avec 7,40 mètres. Cette médaille d’argent demeure le meilleur résultat jamais obtenu par un athlète haïtien, avec la médaille de bronze de 1924 en tir libre par équipes.

Le 9 septembre 1928 consacre son triomphe. Louis Carl Saint Jean relate : « Au Stade olympique de Colombes (Hauts-de-Seine), notre athlète améliorera le record d’Ed Hamm, en franchissant 7,937 m. Sylvio Cator est champion du monde ». Ce record, premier à dépasser cette marque, tient trois ans.

À son retour, il est accueilli en héros et reçoit notamment une Chrysler décapotable. Son exploit est célébré chaque année jusque dans les années 1950 : « Jusqu’au milieu de la décennie 1950, année après année, Haïti commémorait ce jour, même par une messe à la Cathédrale, ou une journée de réflexion dans nos écoles ». En 1929, il réalise un saut supérieur à huit mètres à Port-au-Prince, non homologué en raison d’un vent favorable.

En août 1931, il devient capitaine de l’équipe nationale d’athlétisme et soutient André Chevalier pour la participation d’Haïti aux Jeux de Los Angeles en 1932. Il y défend les couleurs nationales avec André Théard. Ce dernier termine quatrième du 100 mètres en 11 secondes 40, tandis que Cator atteint 5,93 mètres au saut en longueur et se classe neuvième.

Patriote, entrepreneur et homme politique

Au-delà du sport, Cator s’engage activement dans la vie publique. En 1926, il rejoint le mouvement de Joseph Jolibois et participe à la campagne contre l’inéligibilité du président Louis Borno. Louis Carl Saint Jean rappelle : « Le massacre de Marchaterre, 6 décembre 1929, excita l’ardeur et l’audace du jeune révolutionnaire ». Début 1930, il devient trésorier de la Ligue de la Jeunesse Patriote, présidée par Jacques Roumain.

En février 1930, les patriotes soumettent leurs revendications à la Commission Forbes. Malgré la répression, ils contribuent à la chute du président Borno trois mois plus tard.

En 1929, Cator est correspondant en Haïti de l’agence américaine United Press Associations.

En juin 1930, aux côtés d’André Chevalier, Constantin et Alphonse Henriquez, il préside la Commission de réorganisation du sport haïtien. En parallèle, il dirige le Haitian Tourist Bureau. En juillet 1933, Albert Blanchet, secrétaire d’État des Relations extérieures et des Cultes, avec l’aval du président Sténio Vincent, le nomme attaché spécial à la section du Tourisme.

En 1934, Léon Laleau, successeur de Blanchet, le désigne commissaire du Tourisme. Il multiplie les voyages aux États-Unis pour inciter les compagnies de croisières à faire escale en Haïti. Louis Carl Saint Jean note : « Les principaux promoteurs du tourisme haïtien des années 1950 ont tous suivi le chemin tracé par Sylvio Cator ».

En 1935, il ouvre le bar Chez Cator, rue du Champ-de-Mars, lieu prisé de la jeunesse estudiantine. En 1937, il fonde, avec Édouard Baker, le café-restaurant Savoy, haut lieu des élites intellectuelles et politiques animé par le Jazz Chancy, le Jazz Guignard et le Jazz Duroseau.

Même après avoir quitté la compétition, il arbitre des matchs de football et de boxe. En 1946, le nouveau stade de boxe haïtien porte son nom : le stadium Sylvio Cator.

Vers la fin de sa vie, il s’engage en politique. Louis Carl Saint Jean écrit : « Le 23 janvier 1946, à la chute du président Élie Lescot, la Junte militaire, en quête de crédibilité, le nommera maire de la capitale ». Il occupe ce poste durant cinq mois avant d’être élu, en 1950, député de Cavaillon et d’Aquin. Resté célibataire, il adopte Dalor Cator, fils de sa sœur Valentine.

Sylvio Cator meurt le 21 juillet 1952 à Port-au-Prince, à cinquante et un ans. Le gouvernement lui accorde des funérailles nationales. Le 13 octobre 1953, le stade Paul Eugène Magloire, anciennement Parc Leconte, devient le Stade Sylvio Cator. En 1958, un timbre à son effigie lui rend hommage.

L’historien du football Louis Chauvel l’a surnommé l’immortel. Ce qualificatif demeure pleinement mérité, cent vingt-cinq ans après sa naissance.



Crédit: Claudel Victor

CDM⚽2026/CONCACAF: DE 3-0 à 0-3

"Accepte ce qui est, laisse aller ce qui n'est plus, aie confiance en l'avenir". Notre équipe nationale masculine devrait ...