COMME EN 1969 ET SI DIFFÉRENT DE 23 JUIN 2019
À mi-chemin de la phase finale des éliminatoires quadrangulaires Concacaf de la Coupe du monde de football 2026, hier soir, 9 octobre, à Managua, en ayant battu son homologue nicaraguayenne 0-3/5 points sur 9, tandis que
le Honduras et Costa-Rica se neutralisaient 0-0, la Sélection Nationale a pris la tête du classement du groupe C dont le lauréat sera qualifié directement à la fête canado-mexico-américaine du 11 juin au 19 juillet de l'année prochaine. Moi qui ne puis m'empêcher de faire du passé et du présent un seul temps, dès que Deedson Louicius a marqué le 3e but, a giclé dans mon esprit notre éclatante victoire 0-3 obtenue contre le Salvador au stade Flor Blanca (Fleur Blanche) de San Salvador, au matin du dimanche 28 septembre 1969. Mon émotion était d'autant plus grande que dans l'effectif du Nicaragua, figurent des homonymes salvadoriens de l'époque tels Ramon "Monn" MARTINEZ, Mauricio " Pipo" RODRIGUEZ, Elmer Acevedo. Les trois matchs finals des éliminatoires 69 de la CM 70 contre le Salvador (21 septembre à P-au-P 1-2, 28 septembre à San Sal 0-3, 8 octobre à Kingston 0-1, sont mon contrat à vie avec le football haïtien. Comme une étampe.
Trois buteurs différents en 2025 à Managua: Duckens Nazon, Danley Jean-Jacques et Deedson Louicius déjà cité ; trois buteurs différents en 1969 à San Salvador: Guy François, Jean-Claude "Tom Pouce" Désir et Claude Barthélemy. En 1969, il me manquait 24 jours pour avoir 11 ans révolus. Ce fut, à Léogâne, ma première célébration patriotique consciente, en compagnie des enfants du voisinage et des adultes, ceux-ci, une fois revenus de la messe dominicale d'où ils avaient été subjugués par les clameurs des quartiers à chaque but et au coup de sifflet final.
Score et clameurs identiques dans tout le pays, spécialement à Port-au-Prince où, le lendemain, on accueillit les joueurs comme le peuple révolutionnaire l'avait fait, le 1e janvier 1804, autour de l'Autel de la Patrie, pour "Dessalines, majestueusement habillé pour la circonstance, épaulettes dorées sur les épaules, des pierreries étincelantes dans les doigts" (Thomas Madiou).
Les partenaires de Nazon méritent ces salves d'applaudissements, ces cris de joie qui pétaradent nos nuits éternelles de victoire. Comme ceux du 19 juin 2019 et sa remontada de 0-2 à 3-2, le dernier en date, dont un pourtant brillant Canada avait fait les frais. Oui, cette nuit victorieuse du 9 octobre si calme par la bruyance de son silence alors que "notre train avait sifflé trois fois"! N'est-il pas vrai, Gary Cooper! Hélas! Nos temps ont changé. Les bandits détiennent l'exclusivité du joyeux vacarme. Et il est évident que de cris nous en avons que pour pleurer et nos morts et nos biens ensevelis de cendres, malgré le nul 3-3 de San José et cette fulgurance de Managua. Mwen anvi tande anmwey kè kontan lè Ayiti fè gòl!
Il reste les trois matchs retour, le plus proche contre le Honduras, lundi prochain 13. Ça commence à sentir bon, même très bon pour le Onze national. Placide n'a pas eu son succès habituel dans le jeu au pied, mais il fut impeccable sur sa ligne. Arcus, Adé, Duverne et Lacroix n'ont jamais paniqué devant le capitaine Placide. Au milieu, Danley Jean-Jacques a confirmé la polyvalence de son jeu de tête par le deuxième but et sa capacité à couvrir du terrain. Un Toninho Cerezo. Providence à gauche et Casimir à droite ont été remarquablement solidaires de leur latéral respectif. Ce dernier a été tout simplement brillant en position de demi offensif droit qui ne serait pas la sienne naturelle. Il a été celui qui a donné le signal de mettre le pied sur le ballon après notre 2e but. Et c'est à la suite d'une longue phase de possession que notre 3e but a été réalisé. L'entraîneur Migné a eu le nez en conservant Arcus jusque là irréprochable comme latéral droit. Pierrot ne marque pas pour nous je ne sais plus depuis combien de temps. Mais qui oserait jouer sans lui, à moins qu'Isidore ne vienne dans les prochains jours. Nazon est en train de menacer Sanon sérieusement.
Et mon coup de cœur du match, c'est Jean Ricner Bellegarde, fin artificier sur les corners, poseur de jeu infatigable. Au blackout de la 30e minute, pourquoi l'arbitre n'avait-il pas utilisé son jeu pour éclairer le stade!?
Derrick Étienne, Keeto Thermoncy, Leverton Pierre, Martin Expérience et Louicius, entrés en cours de jeu, on le sait, ont leur appartement dans la maison encore en construction par Migné. Parmi eux, mention spéciale pour le dernier, passeur décisif - et de quelle manière - contre Costa-Rica et buteur en cette nuit du 9 octobre 2025. Le match de lundi soir 13 octobre, contre le Honduras sera chaud comme une boule de feu. Nous leur devons un 4-0 à Tegucigalpa, le 11 mars 1981, éliminatoires de la Coupe du Monde 1982. C'était le Honduras des Arzu, Maradiaga, Zelaya... contre l'Haïti des Manno Sanon (en fin de carrière), Gérald Romulus, Frantzy Mathieu... J'imagine le zonbi de Manno Sanon héler Nazon et Pierrot et les haranguer en ces termes: " Allez mes fils, allez mon sang, allez réparer ma honte, allez me venger!
Crédit: Patrice Dumont
10 octobre 2025
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