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samedi 8 mars 2025

FM Stéréo en Haïti : 50 ans d'innovation !


Le 8 mars 1975 marque une étape importante dans le paysage médiatique haïtien : Radio Métropole devient la première station du pays à émettre en FM stéréo, sur la fréquence 100 Mhz. Un événement salué à l’époque comme un « progrès sensationnel ».

Pour la première fois, les auditeurs bénéficient d'une qualité sonore améliorée, avec une clarté et une pureté inédites. Ce jour-là, la lumière “stéréo” apparaît enfin sur les cadrans des récepteurs. Cinquante ans plus tard, cet anniversaire est l’occasion de retracer l’évolution de la radio haïtienne, depuis ses débuts jusqu’à son essor à travers le pays et ses avancées technologiques marquantes.

La radio a émergé à la fin du XIXe et au début du XXe siècle grâce à plusieurs avancées technologiques majeures. Des scientifiques comme Hertz, Tesla, Branly, Marconi et Fessenden ont contribué à son développement, permettant la transmission sans fil de messages et de sons. Les premières stations de radio grand public apparaissent dans les années 1920.

L’histoire de la radio en Haïti remonte à cette époque, sous l’Occupation américaine, période où elle est utilisée principalement à des fins éducatives et de propagande. La station HHK, inaugurée en 1926 avec une puissance de 1 KW, commence à diffuser deux heures chaque vendredi soir. Dans la capitale et les grandes villes de province, des récepteurs sont installés sur des places publiques. Dans les années 1930, le pays compte environ 500 récepteurs, et à la fin des années 1960, une vingtaine de stations sont actives à travers le territoire : entre autres Radio Port-au-Prince, Progrès, Carillon, Cacique, Voix de la Révolution Duvaliériste, MBC… des institutions aujourd’hui disparues.

Après la Seconde Guerre mondiale, la radio se démocratise véritablement avec l'arrivée des transistors en 1954, qui la rendent portable et accessible à tous. À travers le monde, les années 1960 voient l'émergence de nouvelles stations sur la bande FM.

Radio Lumière, fondée en 1959, va explorer cette technologie. Des tests montrent que des relais FM installés en montagne permettent de créer un réseau national. En 1964, Radio Lumière ouvre des studios à Côte-Plage, équipés d’émetteurs AM et FM. En 1969, Radio Nouveau Monde, soutenue par le régime Duvalier, installe son émetteur FM de 1 kW sur les toits de la mairie de Port-au-Prince et son antenne AM à Damien.

Toutefois, c’est dans les années 1970 que la radio haïtienne connaît une transformation majeure avec l’introduction de la FM stéréo.

Fondée en 1970, Radio Métropole est la première station à adopter cette technologie. Pour son cinquième anniversaire, sur sa seconde fréquence, 100.1 MHz FM, elle offre aux auditeurs une expérience d’écoute optimisée, conforme aux standards internationaux. L’accueil du public est immédiat et enthousiaste, bien que certains souhaitent une programmation plus variée. Le Nouvelliste rapporte ainsi que « deux heures de musique classique, en FM stéréo, au moins trois fois par semaine, feraient plaisir à de très nombreux amateurs ».

Dans les années qui suivent, Métropole continue d’innover avec des reportages mobiles dans les rues, l’intégration de lecteurs CD et des émissions interactives où les auditeurs peuvent intervenir par téléphone.

En 1977, le gouvernement lance Radio nationale, munie d’un émetteur AM puissant et une antenne FM stéréo située à 800 mètres d'altitude, surplombant la capitale. Avec une bonne qualité audio et une couverture étendue, elle devient rapidement l'une des stations les plus puissantes du pays, rivalisant avec les radios privées.

Des ondes courtes à la FM

Les années 1990 sont aussi marquées par des avancées technologiques majeures. En juillet 1994, Radio Tropicale Internationale devient la première station haïtienne à relayer sa programmation par satellite, entre ses stations aux Etats-Unis et en Haïti. Radio Vision 2000 suit en octobre 1995, devenant la première station à établir un réseau régional via satellite.

Dans les années 1980 et 1990, de nouvelles stations apparaissent à Port-au-Prince et en province. Dans la capitale, plusieurs commencent à émettre simultanément en AM et FM, notamment Radio Antilles Internationales en 1984, Voix de l’Espérance en 1986, Radio Lankansyèl en 1987, Céleste FM en 1990, Kadans FM en 1991 et Radio Ginen en 1994.

Radio Super Star, lancée en 1987 par Albert Chancy, est la première à diffuser sa programmation exclusivement sur la bande FM, inspirant d’autres à suivre cet exemple. Ainsi, Radio Galaxie voit le jour en 1990, suivie de Tropic FM, Magik Stéréo (aujourd’hui Magik 9) et Signal FM en 1991. Radio Kiskeya est fondée en 1994, tandis que Sweet FM et Radio Timoun émergent en 1996.

En province, l’évolution est similaire mais plus tardive. Les premières stations locales émettent d’abord en ondes courtes avant de migrer vers l’AM. Radio Voix du Nord, fondée en 1945 à Cap-Haïtien, figure parmi les plus anciennes, suivie de Radio Citadelle et Radio 4VEH en 1950. En 1953, Radio Voix de l’Ave Maria est créée au Cap-Haïtien, tandis que Radio Indépendance voit le jour aux Gonaïves.

A Jérémie, Radio Grande-Anse commence à diffuser en 1960, tandis que Radio Saint-Marc est lancée en 1973, la même année que Radio Télédiffusion Cayenne aux Cayes. En 1974, Radio Trans-Artibonite démarre aux Gonaïves, ainsi que Radio Men Kontre aux Cayes. À partir de la fin des années 1980, de nouvelles stations provinciales diffusent exclusivement en FM, offrant une meilleure qualité sonore et une couverture élargie.

Innovations technologiques

Les années 1990-2000 marquent une prolifération des stations FM. Comme l’indique le journaliste Jacklin Jean Paul lors d’un séminaire web sur les 100 ans de la radio en Haïti : « À partir de cette période, les stations FM se multiplient dans le pays. Dans ce contexte, les radios AM diminuent progressivement en nombre, sans pour autant perdre leur influence. Les ondes moyennes permettent une couverture nationale, idéale pour diffuser des messages, notamment lors de rassemblements politiques. Les autorités en prennent conscience et accordent massivement des fréquences FM. Les stations AM coûtent plus cher, mais offrent une couverture étendue, tandis que les FM restent limités à des zones spécifiques. »

L’arrivée d’Internet à la fin des années 1990 ouvre de nouvelles perspectives. Des radios fonctionnent en réseau et, grâce à des stations relais FM en province, couvrent une grande partie du territoire. Beaucoup diffusent désormais leurs programmes en ligne, accessibles sur téléphones mobiles et via des plateformes de streaming comme Zeno FM.

Les applications mobiles permettent d’écouter les émissions en direct ou en différé. Avec l’évolution technologique, les webradios se multiplient et proposent une programmation variée, sans frontières. Les réseaux sociaux deviennent aussi des canaux de diffusion, avec des programmes filmés en direct.

Selon le dernier rapport du Conseil national des télécommunications (Conatel), seules trois stations (Lumière, Ginen et Nationale) restent présentes sur la bande AM, tandis qu’il existe près de 660 fréquences légales (stations + relais) émettant en FM à travers les 10 départements du pays. Plusieurs centaines d’autres fréquences, non autorisées, sont considérées comme des radios pirates et sont parfois fermées par les autorités. Certaines causent même des interférences avec les communications des aéroports.

Cinquante ans après l’introduction de la FM stéréo en Haïti, son impact demeure considérable. Comme le souligne David N. Hartt dans son livre “Broadcasting in Haiti, Its History, Penetration, Social Role and Perspective” : « La radio en Haïti a su s’adapter aux défis de son temps, devenant un outil indispensable pour informer, éduquer et divertir. »


Crédit : Claudel Victor

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