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lundi 26 mai 2025

Plagiat musical: Joé Dwèt Filé s’incline devant Fabrice Rouzier, reconnaît l’oubli des crédits, et appelle à la paix.


New York City, NY, USA, lundi 26 mai 2025 

Depuis l’éclatement de la polémique autour d’un présumé plagiat musical, l’artiste franco-haïtien Joé Dwèt Filé s’était muré dans le silence. Pour la première fois, il s’exprime publiquement sur la plainte déposée contre lui à New York par le célèbre compositeur haïtien Fabrice Rouzier, auteur de la chanson Je vais. Plagiat musical: Joé Dwèt Filé s’incline devant Fabrice Rouzier, reconnaît l’oubli des crédits, et appelle à la paix. plainte l’accuse d’avoir utilisé, sans autorisation, un extrait significatif de cette œuvre dans son méga-succès 4 Kampe, qui cumule aujourd’hui plus de 100 millions de vues.

Dans une récente interview accordée à CKO, acronyme de Culture Knock Out, une plateforme médiatique dynamique dédiée à l’actualité musicale et culturelle — notamment dans les sphères du hip-hop, du R&B et des musiques afro-caribéennes — Joé Dwèt Filé a reconnu, à demi-mot, avoir intégré un sample de Je vais à son tube. Il évoque une « incompréhension », un problème de communication, et admet ne pas avoir, dans un premier temps, attribué les crédits dus à Fabrice Rouzier — qu’il décrit pourtant comme une figure majeure de la musique haïtienne, qu’il respecte profondément. « C’est une question de respect », a-t-il affirmé, insistant sur sa volonté de parvenir à une résolution pacifique de ce différend.

L’affaire avait déclenché une intense effervescence sur les réseaux sociaux, attisant les débats entre fans, artistes, juristes et observateurs culturels. Les réactions, souvent passionnées, ont mis en exergue à la fois l’attachement du public à Joé Dwèt Filé — perçu comme un ambassadeur de la musique haïtienne à l’international — et l’importance cruciale du respect de l’intégrité artistique. Elles ont aussi révélé la complexité des questions liées au sampling, entre hommage, emprunt et violation des droits. Peu à peu, à mesure que les esprits s’apaisent, une compréhension plus nuancée semble émerger, tant chez les mélomanes que chez les professionnels du secteur musical.

En affirmant qu’il « cherchait simplement à savoir à qui donner crédit », Joé Dwèt Filé confirme indirectement l’existence d’un emprunt non autorisé — point central de la plainte déposée le 22 avril 2025 par Fabrice Rouzier et sa société B.E. Relations, LLC. Cette dernière vise non seulement l’artiste, mais aussi son label DF Empire, les maisons de disques Play Two et Burna Boy l’artiste Tonton Bicha, pour usage non consenti d’éléments musicaux et visuels extraits de Je vais. La plainte dénonce, entre autres, la réutilisation de la structure mélodique, de l’émotion originale, et même l’apparition de Rouzier dans le vidéoclip de 4 Kampe, sans son autorisation préalable.

Les plaignants pointent également du doigt des représentations publiques non autorisées, notamment à Brooklyn, où des extraits litigieux auraient été interprétés. Le lancement de 4 Kampe II, remix en collaboration avec la star nigériane Burna Boy, aurait exacerbé les tensions. Malgré plusieurs tentatives de conciliation, les contenus incriminés restent en ligne. Rouzier et sa société réclament la cessation immédiate de toute exploitation, la restitution des bénéfices, des dommages-intérêts pouvant aller jusqu’à 150 000 dollars par infraction, ainsi que la reconnaissance officielle de sa paternité artistique.

Mais au-delà du contentieux judiciaire, cette affaire soulève une problématique plus vaste : celle de la protection équitable et effective des droits d’auteur, notamment pour les créateurs du Sud global, dont les œuvres sont trop souvent exploitées sans reconnaissance ni compensation. Elle met aussi en relief la tension persistante entre mémoire culturelle et logique commerciale, dans un monde où la frontière entre inspiration et appropriation devient de plus en plus floue.

Nombreux sont les mélomanes et figures culturelles haïtiennes qui espèrent une issue apaisée. Car au fond, cette confrontation, bien que douloureuse, pourrait se transformer en passerelle. Une entente honorable entre Joé Dwèt Filé et Fabrice Rouzier serait non seulement un signe fort de maturité artistique, mais aussi un hommage vibrant au compas direct, qui fêtera ses 70 ans le 26 juillet prochain. Créé officiellement en 1955 par le légendaire maestro Nemours Jean-Baptiste, épaulé par son complice Webert Sicot, le compas mérite aujourd’hui d’être célébré par des gestes de réconciliation et de reconnaissance.

Qu’une telle affaire surgisse à l’approche de cet anniversaire symbolique n’est peut-être pas anodin. Elle rappelle l’urgence de préserver la mémoire, de valoriser les pionniers et de respecter les créateurs contemporains. À l’heure où le compas rayonne à l’échelle mondiale, il est plus que jamais nécessaire d’en protéger l’essence.

En somme, cette controverse doit servir de leçon. Elle relance avec force le débat sur l’impérieuse nécessité, pour tout acteur de l’industrie musicale caribéenne — et plus encore pour ceux qui pratiquent le sampling — de respecter rigoureusement les droits d’auteur. Car c’est dans la reconnaissance, la justice et la solidarité que la musique haïtienne continuera de vibrer, de séduire, et de s’élever.

Pour découvrir l’intégralité de l’entretien dans lequel Joé Dwèt Filé revient sur cette affaire avec franchise et lucidité, cliquez sur le lien suivant: https://www.facebook.com/share/v/1Aa4SkduUi/

Ou bien, regardez l'entrevue ici👇



Crédit : Jude Martinez Claircidor

 


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