Le Drill, dans le contexte actuel, semble contribuer davantage à la banalisation d'une violence aveugle qu'à une rébellion légitime contre la violence organisée du système. Ce phénomène prospère dans un climat où la distribution d'armes à feu, devenue presque aussi courante que celle de jouets, est orchestrée par des groupes nombreux mais invisibles, cherchant à déstabiliser tous les secteurs de la nation : économique, social, éducatif, culturel, religieux, etc.
Haïti ne peut endurer une violence plus intense que celle déjà imposée par certains secteurs politiques et économiques, ainsi que par une frange mafieuse du marché international des armes. Ces derniers trouvent dans les gangs apatrides des complices prêts à détruire leur propre pays pour s’enrichir, même au prix de l’intégrité nationale.
Bien que je ne sois pas le directeur artistique de ces artistes et que ce ne soit pas mon rôle de dicter les sujets de leurs créations, je me permets toutefois de leur rappeler la dure réalité : des femmes enceintes meurent avec leur enfant, incapables de traverser des zones de non-droit pour se rendre à l’hôpital, ou faute d’hôpitaux, dont nombreux ont été pillés ou brûlés par des bandits armés. Je leur rappelle aussi que des étudiants, des professeurs d’université, des élèves, et des commerçants sont enlevés, violés, et tués, même après que leurs familles ont versé plusieurs rançons. C’est dans ce climat de terreur que ces artistes semblent encourager une violence aveugle qui sert principalement les intérêts de ces bourreaux.
J'invite donc ces jeunes artistes à prendre conscience de la situation actuelle en Haïti et à utiliser leur influence pour provoquer un changement, même modeste, plutôt que de contribuer à aggraver cette tragédie.
Crédit: James Fleurissaint
jamessy12@yahoo.fr
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