Pendant plus de 30 ans j’ai organisé, un jeudi de tous les mois, un forum sur un sujet d’intérêt pour Haïti, en appelant à l’élaboration d’un agenda national.
Il y avait un assistant assidu qui arrivait souvent avec un peu de retard et se glissait le plus discrètement possible à la recherche d’une place dans la salle. Il m’expliqua un jour qu’il sortait en courant de ses cours à la faculté pour venir suivre, à notre agora, au milieu de la tempête, ce qui pouvait compléter sa connaissance du pays. Il arrivait à pieds et s’en allait à pieds chez lui à Solino.
Il enseignait les maths. Mais je soupçonnais que, comme presque tous les mathématiciens, il devait être un philosophe et avoir des affinités avec Diogène.
Cet homme, toujours serein, au regard doux et au sourire bienveillant s’appelait Solon Fortunat.
J’ai appris, bouleversé, qu’une balle assassine a arraché la vie à ce scientifique qui ne pouvait pas faire de mal à une mouche et qui ne rêvait que de chiffres et de savoir. Finirons-nous tous fauchés par une balle ou crevés de douleur et de colère?
Crédit: Arnold Antonin
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